Les publics allophones, c’est-à-dire les personnes ne maîtrisant pas la langue française, sont souvent associés à des individus issus de l’immigration. Depuis 2025, le nombre d’élèves allophones scolarisés en France augmente en moyenne chaque année de 5%, atteignant 77 435 en 2022, selon une enquête EANA (enquête).

La situation de ces personnes est rendue complexe par la confluence de barrières qui touchent une diversité de publics. Dans cet article nous nous intéressons particulièrement aux personnes allophones en situation de précarité comme les primo-arrivants.

La barrière de la langue, les compétences numériques limitées et la complexité des démarches administratives en ligne sont autant de défis qui accentuent leur exclusion numérique. Nous nous pencherons sur les problématiques rencontrées par les personnes allophones et verrons des perspectives pour comprendre les enjeux et les besoins en matière d’inclusion numérique pour les allophones.

Définition et contexte

Une personne dite allophone désigne une personne dont la langue maternelle est différente de la langue du pays d’accueil. En France, les publics précaires et allophones sont la plupart du temps en demande d’asile, réfugiés ou plus largement exilés. Selon une enquête de la DIAIR (Délégation interministérielle à l’accueil et à l’intégration des réfugiés), 90% des réfugié-es possèdent un smartphone, mais moins de la moitié ont accès à un ordinateur​​. Cette situation met en lumière l’importance du smartphone comme outil principal d’accès à Internet pour ces personnes, mais elle souligne aussi les limites qu’elles rencontrent en termes de connectivité et de possibilité d’utilisation du numérique.

Enjeux de l’Inclusion Numérique pour les personnes allophones

Accès au matériel et connectivité
L’équipement numérique des personnes allophones se concentre principalement sur les smartphones, souvent obtenus au prix d’un endettement​​. Les abonnements à Internet, souvent limités à des forfaits prépayés ou à des connexions de faible qualité, ne permettent pas un accès fluide et constant au numérique et peuvent revenir très cher. La précarité financière rend difficile l’achat d’équipements plus performants et la souscription à des abonnements Internet de meilleure qualité.


De multiples barrières
La barrière de la langue est un obstacle majeur pour les personnes allophones. La plupart des contenus numériques et des interfaces sont conçus en français, ce qui complique leur compréhension et utilisation. Cela rend les compétences numériques de base, telles que l’utilisation d’une boîte mail ou la navigation sur Internet, difficiles à maîtriser sans accompagnement. Les personnes allophones expriment un besoin important de formation, principalement pour accéder à des formations professionnelles et faciliter les démarches administratives en ligne​​​​.


Outre la langue, les personnes issues de cultures administratives différentes rencontrent des difficultés significatives pour comprendre la logique même de l’administration française. La complexité et la rigidité des procédures administratives peuvent être déroutantes et intimidantes, rendant encore plus ardue l’intégration dans le système administratif français. La compréhension et l’adaptation à ces normes administratives requièrent un accompagnement spécifique.


Les plateformes en ligne telles que Pix et Les Bons Clics sont dédiées à l’évaluation et à la certification des compétences numériques et offrent des parcours de formation adaptés à tous les publics, y compris les personnes maîtrisant peu le français. Ces outils permettent également de diagnostiquer les besoins de montée en compétences numériques.


Le manque de confiance en soi et les réticences à utiliser les outils numériques sont des freins psychologiques significatifs. Les personnes allophones peuvent éprouver une certaine anxiété face à la technologie, notamment lorsqu’elles ne maîtrisent pas les bases de la langue ou de l’outil numérique. Cela peut les rendre vulnérables aux arnaques et au harcèlement en ligne, aggravant leur exclusion sociale et numérique.

Pistes de sollutions pour les personnes allophones

Pour favoriser l’inclusion numérique des personnes allophones, plusieurs pistes d’action peuvent être envisagées, articulant formations, simplification des interfaces, et partenariats stratégiques.

Développement de parcours de formation thématiques spécifiques :

Les parcours de formation devraient être conçus pour les smartphones et les tablettes, les équipements les plus couramment utilisés par les allophones. Ces parcours devraient intégrer des compétences numériques de base (utilisation d’internet, gestion de boîtes mails, etc.) et des compétences linguistiques, en mettant l’accent sur des besoins pratiques et urgents comme la gestion de la santé en ligne et l’accès aux droits. Une telle approche permettrait de répondre aux besoins immédiats des allophones tout en renforçant leur autonomie numérique.

Simplification et accessibilité des méthodologies d’apprentissage :

Il est crucial de rendre les méthodologies d’apprentissage plus accessibles. Cela peut être réalisé par la méthode FALC (Facile À Lire et à Comprendre) en proposant par exemple des consignes écrites et audio, toujours accompagnées d’images, de symboles et de vidéos pour faciliter la compréhension. De plus, la traduction des supports pédagogiques dans les langues les plus parlées par les allophones, telles que l’anglais, l’arabe et le pachto, est pratique pour engager les publics et créer des liens entre leur langue et le français. Cette simplification permettrait de surmonter les barrières linguistiques et de rendre l’apprentissage plus inclusif.

Sensibilisation et formation des intervenants :

Enfin, il est important de sensibiliser et de former les intervenant-es sociaux et numériques pour qu’ils puissent mieux comprendre et répondre aux besoins spécifiques des personnes allophones. Des formations spécifiques sur les barrières linguistiques et culturelles pour les travailleur-euses numériques, ainsi que sur les meilleures pratiques pour l’accompagnement numérique, seraient bénéfiques. Une meilleure compréhension des défis rencontrés par les allophones permettrait aux intervenants de proposer des solutions plus adaptées et efficaces.

Conclusion

L’inclusion numérique des personnes allophones est essentielle dans notre société digitalisée. En adressant les défis spécifiques qu’ils rencontrent, nous pouvons développer des solutions efficaces pour leur intégration. Les structures sociales jouent un rôle clé en proposant des parcours de formation adaptés et un accompagnement personnalisé.

Pour plus d’informations sur les initiatives et les stratégies en cours, vous pouvez consulter les rapports détaillés de la Stratégie Nationale pour un Numérique Inclusif (ici le Rapport – SNNI) et les ressources offertes par des plateformes telles que Les Bons Clics.

Vous êtes une structure sociale en France ? Vous souhaitez partager votre expérience, proposer un accompagnement numérique à vos bénéficiaires ? Les Relais Numériques offrent une opportunité unique de participer activement à l’inclusion numérique des personnes allophones. Rejoignez notre réseau ! Ensemble, transformons les défis en opportunités et faisons du numérique un levier d’intégration pour tous.